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organiser une resistence, une lutte contre ce qui peut paraitre inexorable est deja quelque chose d
Par revesolution, le 15.09.2019
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Par Anonyme, le 27.05.2019
je voudrais bien ecrire mais il n'apparait que ce petit cadre alors tant pis je vais l'utiliser.
l e mouvemen
Par Anonyme, le 24.01.2019
le mouvement des gilets jaunes à pris sa source dans le mécontentemen t d'une grande partie de la population;
Par Anonyme, le 23.01.2019
oui, une enquete s,impose.... http://revesol ution.centerbl og.net
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Date de création : 03.03.2015
Dernière mise à jour :
03.11.2025
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Imaginé fin mars par le journaliste François Ruffin et ses amis afin de permettre la « convergence de luttes dispersées », le mouvement Nuit debout connaît actuellement un succès inespéré. La première occupation de place s’est déroulée le 31 mars, à l’issue d’une journée de manifestation contre le projet de loi El Khomri. Depuis, la place de la République à Paris ne désemplit pas et plusieurs autres villes ont connu un phénomène similaire.
Nul ne sait ce qu’il adviendra d’un mouvement qui a largement échappé au contrôle de ses initiateurs. Pourtant, un professionnel de la politique rêve déjà tout haut « d’être récupéré » par les jeunes qui bravent le froid et les violences policières pour se réunir et débattre. Un autre raille un rassemblement qui « ressemble plus à Hyde Park qu’à la Puerta del Sol ». Des militants de partis, à gauche, critiquent le caractère « confus » et « intellectuel » des échanges entre de jeunes participants blancs issus des classes moyennes. D’autres encore posent les questions d’usage : est-ce une révolte ou une diversion récréative ? Quelles sont les revendications du mouvement ? Nous verrons bien, la priorité n’est pas de répondre à ces questions, mais de comprendre dans quelle mesure Nuit debout va permettre de rebattre les cartes d’une situation politique délétère.
Les politiciens qui recherchent désespérément "leur" mouvement social ne récupèreront rien. Le propre d’un collectif horizontal comme celui-ci est qu’il n’a que faire des tribuns qui représentent. Il entend bien se représenter tout seul. À quelques exceptions près, ce mouvement est générationnel : ce sont les jeunes qui prennent la parole. Ils parlent leur langue, communiquent selon des moyens qui leur sont propres et débattent selon des modalités qui leur appartiennent.
Ils ont raison, car qui écoute cette jeunesse en temps ordinaire ? Qui respecte ces jeunes qu’on envoie étudier dans des facs insalubres, qui connaissent la galère des petits boulots, des emplois précaires et du chômage ? Que cette jeunesse se méfie des partis et des professionnels de la politique est donc compréhensible.
Ce que les managers de l’insoumission et du radicalisme régimenté ne comprennent pas, c’est que ces jeunes n’ont que faire de l’élection présidentielle sous la Ve République. Ils la voient pour ce qu’elle est : une farce plébiscitaire qui nourrit les ego démesurés de certains prétendants. Le 31 mars au soir, j’avais instinctivement twitté : « Et si Nuit debout était notre candidate en 2017 ? » Ce qui pouvait alors paraître un bon mot revêt aujourd’hui une réalité politique. Et si, en d’autres termes, la gauche sociale faisait l’impasse sur cette élection bonapartiste qu’elle n’a aucune chance de gagner ? Et si elle ignorait ce leurre démocratique pour travailler à la rénovation de ses idées et revoir sa manière de faire de la politique ? C’est ici que Nuit debout peut aider à une recomposition aussi nécessaire qu’inévitable.
La révolte qui vient partira, comme en mai 68, de la jeunesse. Peut-on imaginer un nouveau Mouvement du 22 mars ; ce mouvement étudiant antiautoritaire, d’inspiration libertaire fondé à l’université de Nanterre ? Nuit debout est certes le reflet de son époque. Pourtant, les deux collectifs ont en commun un goût prononcé pour la démocratie directe, l’autogestion, le débat et la non-violence. Ils partagent la même méfiance instinctive à l’égard du pouvoir hiérarchique.
C’est là que se situe le caractère potentiellement révolutionnaire du mouvement. Les jeunes manifestants s’emparent de sujets que la vieille gauche française a toujours méprisés : les libertés individuelles menacées par l’État (combien de dirigeants de gauche dénoncent l’institutionnalisation des violences policières ?) ; le respect de la diversité culturelle et religieuse (à cela, la vieille gauche préfère les discours abstraits sur la citoyenneté et elle sous-estime le racisme et l’islamophobie), ou encore l’arbitraire et la corruption politiques.
Ces jeunes ont compris qu’un agenda social convaincant ne pourra pas prendre forme dans un pays dont l’atmosphère est viciée par l’autoritarisme, la violence d’État et le racisme.
Article paru dans Regards.fr, le 7 avril 2016 sous le titre : « Nuit debout : la révolte qui vient sera antiautoritaire », http://www.regards.fr/des-verites-desagreables-par/article/nuit-debout-la-revolte-qui-vient.
Twitter : @PhMarliere
Le vent se lève place de la République. La génération Bataclan est passée des terrasses aux Places. Les mêmes commentateurs qui, en novembre, s’émerveillaient de la résilience des trentenaires, revenus aux terrasses des cafés aussitôt après la tragédie, sont comme tétanisés, en avril, par l’émergence d’un phénomène politique et social qu’ils ne maitrisent pas. Pourtant, ce sont ces mêmes jeunes qui relèvent la tête depuis le 31 mars 2016 ; Ils ressemblent à s’y méprendre aux chômeurs diplômés, fers de lance de la révolution de jasmin, en janvier 2011 à Tunis, aux Indignados de la Puerta del Sol à Madrid, aux Indignés d’Athènes et à ceux d’Occupy Wall Street.
Le portrait de la génération « Nuit Debout » explique ces similitudes : De Tunis à New-York, celles et ceux qui nous promettent des nuits plus belles que nos jours, ont entre 18 et 35 ans. Le caractère générationnel et citadin est évident : Ils sont étudiants, intermittents, travaillent en partie dans les secteurs de l’informatique, des réseaux sociaux et de l’audiovisuel, même si nombre d’entre eux enfilent les petits boulots pour survivre. Ils sont surqualifiés et encore plus marqués que les générations précédentes par la précarisation du travail, du logement et, surtout, par l’incertitude du lendemain.
Ils ne sont pas encombrés par les idéologies du passé, par les «ismes» divers et variés, qui donnaient sans doute un bagage politique aux générations militantes post soixante-huitardes mais qui les déconnectaient du réel. Les « Nuit debout » ne veulent pas faire la révolution, mais ils refusent d’abord que ceux d’en-haut continuent à se goinfrer sans limites avec l’évasion fiscale, les retraites chapeau, les rémunérations indécentes, la spéculation, les petites et grandes compromissions, sur le dos de ceux d’en bas. Ils veulent un autre monde où l’économie répondra aux besoins de la personne humaine et aux ressources de la planète, plutôt que de rechercher le profit maximum.
Peu importe leur nombre, finalement. Comme en 1995, quand les citoyens avaient donné « procuration » aux cheminots en grève pour combattre le plan Juppé, des millions de Français ont utilisé la pétition par Internet contre la loi Travail et, aujourd’hui, le mouvement horizontal « Nuit Debout » pour en finir avec la loi dite El Khomri.
Ce mouvement est né du besoin de convergence des luttes contre cette loi dictée par le Medef, dans une société de plus en plus compartimentée entre le public et le privé, les jeunes en formation et les chômeurs, les salariés dits protégés et les précaires. Car en instaurant la flexibilité du travail, le renversement de la hiérarchie des normes et le droit de licenciement pour le patronat, cette loi institutionnalise ce que les précaires diplômés ressentent depuis leur plus jeune âge. Pour eux, l’avenir est un tunnel sans fin, parsemé de petits boulots, de périodes renouvelées de chômage de moins en moins rémunérées, de stages bidons… 85 % des étudiants travaillent, mais ils savent ce que sera leur avenir et la menace de déclassement permanent qui pèse sur eux.
Ce n’est donc pas seulement la défiance et le rejet du gouvernement Valls-Hollande-Macron, qui sont à l’origine de ce formidable mouvement d’espoir, mais la volonté de changer la vie, de changer le cours de sa propre vie, de reprendre en main son destin, qui se jouent sur les places de la « Nuit Debout ». Si tout commence par la libération de la parole, comme en mai 68, il n’y a ici aucune espèce de fantasme de révolution violente mais une volonté, clairement réformiste et radicale, de changer les rapports de production et de consommation, de pouvoir et de domination.
Comme je l’ai constaté de visu, chaque jour ils s’inventent des règles démocratiques nouvelles, dans le respect de la prise de parole des autres. Ce n’est pas de l’entre soi, même si celui-ci les menace, mais une volonté de rompre avec la comédie politique qu’ils observent sur les plateaux télés et dans les palais nationaux. Pour ce faire, ils inventent leur contre-société, avec leurs propres codes, inspirés par la langue des signes, pour refuser la brutalité des discours et de la rhétorique guerrière propre aux partis. L’égalité est ici la loi d’airain : pas plus de deux minutes par intervention. Un modérateur fait respecter ces procédures de débats exigeants. Nous sommes dans l’invention d’une Agora de démocratie participative, qui ressemble à celle de la Commune de Paris, avant qu’elle soit obligée de résister militairement à l’assaut des Versaillais. Mettant à profit leurs compétences, ces nouveaux militants peuvent créer en une seule journée une radio et une « Télévision Debout », mettre en place un potager avec « Jardin Debout » ou leur propre chorale, avec « Chanson debout ». Ils réfléchissent à l’écriture d’une Constitution, au vote blanc, au revenu de base universel ou au salaire à vie. Rien n’est tabou. Tout est discutable. Ici, l’action revendicatrice et désobéissante se marie avec l’innovation sociale et l’imagination créatrice.
Cette ZAD en plein centre-ville est écologique ; Elle se reconnaît dans les valeurs, les principes et la résilience de la transition écologique, sans pour autant être dupe de la déliquescence du parti écologiste. Bien entendu, son rejet du PS est total. Ces déçus du Hollandisme n’ont d’ailleurs pas voté unanimement pour lui en 2012, une bonne partie s’étant réfugiée dans l’abstention ou dans les candidatures verte et de la gauche radicale. S’ils ont fait le succès de François Hollande en votant pour lui au deuxième tour, on ne les y reprendra pas en 2017. Et personne dans la classe politique traditionnelle n’est en mesure de récupérer cette intelligence collective en mouvement. La grande différence avec les Forums sociaux, c’est qu’au-delà de la confrontation des idées, les partis sont quasiment absents, même si quelques-uns de leurs représentants rodent autour de la Place. Ils sont tétanisés par un mouvement qui les dépossède de fait de leur rôle de faiseurs de rois de la démocratie.
En fait, les prémisses de ce mouvement étaient déjà exposées dans un livre paru en 2014 : « Constellations. Trajectoires révolutionnaires du jeune 21ème siècle » (collectif Mauvaise troupe. Editions de l’Eclat). Ce livre de 700 pages décrivait minutieusement les pratiques et la culture de cette génération et en dessinait un portrait saisissant.
Avec « Nuit Debout », la précarité et la peur du lendemain se sont transformées en volonté d’ouvrir les portes, de briser son isolement, d’en finir avec l’individualisme mortifère. Pour ces jeunes, le choix est devenu clair : Vivre Debout jour et nuit plutôt que de mourir couchés. Le besoin d’autonomie, d’empowerment, devient une force politique en devenir. Pourra-t-elle se construire ? Le mouvement pourra-t-il s’enraciner dans la durée et sur les territoires ? C’est là tout l’enjeu des prochains jours et de ces prochaines semaines qui vont suivre ce « 41 mars », pour dater l’An O1 de cette révolution pacifique. Je ne sais ce qu’il en adviendra. Mais qu’il reste à l’état de luciole ou qu’il s’épanouisse comme une nuée de papillons, rien ne sera plus comme avant.
Noël Mamère
Le 11/04/2016.