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organiser une resistence, une lutte contre ce qui peut paraitre inexorable est deja quelque chose d
Par revesolution, le 15.09.2019
l
Par Anonyme, le 27.05.2019
je voudrais bien ecrire mais il n'apparait que ce petit cadre alors tant pis je vais l'utiliser.
l e mouvemen
Par Anonyme, le 24.01.2019
le mouvement des gilets jaunes à pris sa source dans le mécontentemen t d'une grande partie de la population;
Par Anonyme, le 23.01.2019
oui, une enquete s,impose.... http://revesol ution.centerbl og.net
Par revesolution, le 25.11.2018
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Date de création : 03.03.2015
Dernière mise à jour :
24.09.2025
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La finance s'est emparée du monde du football. Fin 2015, la société XXIII a ainsi racheté pour 73 millions de dollars de dettes de transferts. Elle a ensuite mélangé ces dettes de clubs au sein d’un produit financier, qu’elle a revendu à la découpe. Et qui s'est retrouvé à Wall Street, puis à la bourse des îles Caïmans. Façon subprimes.
Dans le monde merveilleux du foot moderne, les dettes des clubs se retrouvent cotées en Bourse aux îles Caïmans. Impossible ? Et pourtant, si… Prenons le cas du milieu de terrain français Giannelli Imbula. L’Olympique de Marseille l’a vendu en juin 2015 au FC Porto pour 20 millions d’euros, payables en plusieurs fois (lire notre enquête ici). Sauf que faute d'avoir reçu un premier paiement à temps, l’OM revend la créance suivante envers Porto (9,65 millions) à la société financière britannique XXIII Capital. L’avantage : le club marseillais touche tout de suite l'intégralité de la somme. En contrepartie, ça lui coûte une commission. Charge ensuite à XXIII de récupérer l'argent auprès du club portugais.
À la fin 2015, XXIII a ainsi racheté pour 73 millions de dollars de dettes de transferts, dues par des clubs français, italiens, anglais, espagnols et portugais. Ce qui est fou, c’est ce que la société en a fait : XXIII a mélangé ces dettes de clubs au sein d’un produit financier, qu’elle a revendu à la découpe. En Bourse, on appelle ça des « asset backed securities », c’est-à-dire la même chose que les « subprimes », ces produits financiers fabriqués avec les dettes immobilières des ménages américains qui ont provoqué la crise financière de 2008.
C’est ainsi que XXII Capital a commercialisé ses morceaux de dettes de clubs européens à Wall Street en janvier 2016. Mais le marché américain n’a semble-t-il pas été totalement séduit : trois mois plus tard, XXIII a fait coter le même produit à la Bourse des… îles Caïmans, célèbre paradis fiscal des Antilles.
XXIII Capital, l’un des principaux acteurs de ce business, s’emploie à montrer patte blanche. Interrogé par Mediapart, un de ses directeurs et fondateurs, Jason Traub, ne voit pas où est le mal s'il cote ses « soccer bonds » dans des bourses exotiques : « C'est fait de manière très transparente, dans le domaine public, c'est une manière comme une autre de lever de l'argent », explique-t-il. Et ses « bonds » ont été cotés « A » par l'agence de notation KBRA (Kroll Bond Rating Agency) en janvier 2016 : un bon produit, donc.
La société britannique fait de la retape auprès des clubs dans une belle brochure intitulée Football Finance. XXIII Capital y explique d'abord ce qu'elle fait : « Financer de la dette » dans l'industrie du sport, de la musique et du divertissement. La société met en avant ses immenses moyens (500 millions de livres, soit près de 600 millions d'euros), et s’emploie à contrer l’image d'une finance obnubilée par le « cash flow », « l'opportunisme » et la spéculation. Promis juré, XXIII Capital investit sur le long terme.
Depuis l’interdiction de la TPO, le fonds sait le terrain glissant. Cela tombe bien, il n'en fait pas. Certes, il peut prêter jusqu’à 40 millions d’euros à un club, gagés « sur la valeur de l'équipe », et se rémunérera sur la vente des joueurs. Les esprits pinailleurs ne verront pas trop la différence avec la TPO. Mais XXIII assure aux clubs qu’elle n'achète pas de morceaux de joueurs, et que tout est donc en règle.
XXIII Capital a plein d’autres services à proposer. En matière de transferts, par exemple. Comme racheter les créances des clubs vendeurs afin qu’ils soient payés immédiatement, ainsi que l'OM l’a fait avec Imbula. Une proposition très séduisante, quand on sait que les clubs acheteurs règlent en général les transferts de footballeurs en plusieurs échéances qui s’étalent sur deux, trois, voire cinq ans. XXIII peut aussi « financer l'achat d'un joueur » en adossant le crédit à des revenus à venir, comme les droits audiovisuels, la billetterie, le parrainage… XXIII peut enfin financer l'extension d'un stade, voire l'acquisition d'un club.
On dira que le fonds est « open for business », mais en restant dans les clous de la légalité, nous assure Jason Traub. Selon lui, XXIII Capital vérifie que les contrats de transfert qu'il finance « ont été régulièrement enregistrés à la FIFA » et il n'a « aucun rôle » dans la négociation des transferts : « Dans la plupart des cas, nous finançons des transferts déjà réalisés. Nous ne travaillons qu'avec les directions de club, pas avec les agents ou les joueurs. »
XXIII Capital n'est pas seul sur le marché. On y rencontre la banque allemande Internationales Bankhaus Bodensee AG (IBB), à laquelle le FC Porto fait appel, en août 2012, après avoir conclu le transfert de l'Uruguayen Alvaro Pereira à l'Inter de Milan pour 10 millions d'euros. Le club va recevoir 3 millions dans les jours suivants, mais les paiements restants seront étalés en trois volets jusqu'en janvier 2014. Il aimerait avoir l'argent tout de suite. « Il y a des garanties de banque, donc c'est du bon crédit », vante le FC Porto à l'IBB. « Est-ce que cela intéresserait l'IBB de nous escompter ce crédit ? Et à quelles conditions ? Nous avons besoin d'une réponse urgente. »
Parfois, ces opérations de financement classiques laissent la place à des formules plus audacieuses. Selon une brochure intitulée David Beckham Presentation du 24 avril 2015, XXIII Capital ambitionne de vendre 13 000 places du nouveau stade londonien de Wembley à partir de 2017, pour une période de six ans. Histoire d'en assurer la promotion, XXIII rêve d'engager David Beckham (DB) pour un match de charité à Wembley, le « Unicef All Star Game », dont « tous les revenus des billets d'entrée au-dessus de 3 M$ seraient remis à DB/Unicef ». Ce projet avec la star est resté lettre morte, indique Jason Traub, qui ne veut pas dire s'il a obtenu le marché des 13 000 places. Mais pour rentabiliser la billetterie, les clubs européens sont en retard par rapport à leurs homologues américains, glisse-t-il : bien sûr, XXIII Capital peut « les aider ».
Dans la finance sportive, la concurrence est féroce. En août 2015, l'un des boss de XXIII, Henk Hoekstra, propose ses services au Sporting Lisbonne pour financer le transfert du défenseur Cédric Soares à Southampton. « Vous serez approchés par d'autres, mais notre société est différente car elle travaille directement avec les clubs », assure-t-il. « Nous ne sommes que des prêteurs », ajoute Hoekstra, qui propose des « solutions innovantes » et sûres, « garanties sans TPO ». Il veut rassurer en précisant qu'il a été un des dirigeants du SC Heerenveen (Pays-Bas) « pendant 22 ans », et membre du comité des finances de la fédération néerlandaise. Ce n’est pas un vulgaire trader, mais un homme du métier, qui vient de conclure deux deals de « plus de 30 M€ » avec trois clubs d'Europe du Sud.
Deux semaines plus tard, XXIII propose d'avancer au Sporting les sommes qu'il attend de Southampton. Au lieu des 4 M€ restant à payer, en trois tranches dont la dernière versée en janvier 2017, le club lisboète peut recevoir tout de suite 3 741 100 euros. Commission de XXIII : 258 900 euros. Les dirigeants portugais réfléchissent : « Nous n'avons pas encore pris notre décision. » Elle sera négative. « Nous n'avons pas assuré ce financement », confirme Jason Traub. C'est que le Sporting a une proposition d'un concurrent, Close Brothers Limited, un peu plus intéressante : elle lui permet d'économiser 19 000 euros de commission.
Comme XXIII Capital, Close Brothers vante son expérience. « Nous sommes approuvés par la Premier League et reconnus par la FA [fédération anglaise] comme un des piliers de ce secteur, ayant réalisé plus de 100 accords de financement entre clubs du Royaume-Uni », explique la société en février 2014 au FC Séville. En juin 2014, un avocat vante auprès d’un confrère espagnol très influent dans le foot business local « l'appétit pour travailler avec des clubs espagnols » de Close Brothers. Un de ses dirigeants ambitionne de « faire rouler le ballon » partout où ce sera possible. Il suggère à son confrère d'en parler à l'Atlético Madrid, réputé pour manquer de trésorerie.
Des XXIII Capital et des Close Brothers, le monde du foot en regorge. Parfois, les acteurs du secteur se retrouvent pour une conférence, comme ce 25 septembre 2014 au Rothschild Sky Pavilion de Londres. La rencontre vise à séduire les dirigeants de club. Son thème ? « Financer le fair-play » financier, cette obligation pénible introduite par les autorités du football pour inciter les clubs à ne pas dépenser plus que ce qu'ils gagnent. Le thème choisi ressemble à une plaisanterie, puisque l’un des objectifs de ces financiers consiste à pousser les clubs à s’endetter.
La conférence est organisée par le « Football Finance Group », spécialisé dans l'aide aux acquisitions de clubs. En guise de présentation, son patron, un banquier qui a conseillé Chelsea dans son rachat par Roman Abramovitch, trace le portrait de ce monde du foot fou d'argent, où la finance salive devant des « opportunités de plus en plus attractives ». Pour les clubs, la gestion de sommes « imprévisibles et importantes » s'avère cruciale, surtout que les risques augmentent au même rythme que les magots en jeu. D'où ce créneau idéal consistant à leur avancer l'argent attendu des transferts. Cela s'appelle « sécuriser des créances ». Avec une petite com', bien sûr.
Parmi les participants, on retrouve Close Brothers, dont un dirigeant détaille le nouvel objectif (financer les droits télé des clubs) tout en vantant le sérieux de sa société : « Établie en 1878, 2 500 employés, cotée au London Stock Exchange… » Dans cette journée londonienne, on aborde aussi les thèmes qui fâchent, comme « TPO et financement alternatif ». Le patron de New Century Finance (NCF), Richard Price le bien nommé, explique : « Traditionnellement, les banques voyaient le football comme une activité à haut risque » et délaissaient le secteur. Plus maintenant. NCF a attiré des investisseurs et « à ce jour, aucun n'a subi de pertes », assure Price.
Ces institutions financières en sont persuadées : malgré l’interdiction d’acheter des morceaux de joueurs (la TPO), il reste du business à faire. Il suffit de se mettre au diapason des nouvelles règles. Ainsi, Jason Traub (XXIII Capital) se dit « totalement favorable à l'interdiction » en raison de « la nature opaque des TPO et des TPI (1) » et du « risque potentiel de dérives ». Sa société, qui n'a « aucun intérêt dans des TPO ou des TPI », espère profiter de l'interdiction en aidant les clubs à « gérer leur phase de transition et à sortir de la dépendance aux TPO/TPI ».
Surtout que l’interdiction « n’est pas aussi tranchée que ce que l’on pensait », affirme l'avocat français André Soulier, président de la commission juridique de la LFP (Ligue de football professionnel). Selon son analyse, il existe « une brèche qui laisse la possibilité à certaines tierces parties de perdurer ». Dans un rapport remis à la Ligue en avril 2016, Soulier explique que la FIFA « ne ferme pas la porte » au TPI : les clubs ont le droit de se faire financer par les fonds et autres loups de Wall Street si ces derniers « se bornent à une activité de nature strictement bancaire (remboursement du montant prêté + intérêts, cessions de créances …) ».
Tant que le créancier ne force pas le club à vendre un joueur, ça devrait passer. C'est sur cette fine ligne de crête que surfent les mondes du foot et de la finance, mais nul n'ignore que les fondations du système restent très fragiles. Selon une récente étude de Harvard menée par deux économistes (2), jusqu'à 75 % des clubs et des ligues professionnelles en Europe présentent un « risque élevé en termes de viabilité financière ».
En clair, les trois quarts des clubs peinent à contenir l'augmentation des salaires des joueurs et, à force de jongler avec les pertes et les dettes, « la plupart des clubs ne survivraient pas dans un secteur économique normal ». D'autant que leurs comptes, non publiés pour 90 % d'entre eux selon l'étude, restent dans une sorte de « pénombre » où les risques de malversation sont élevés, alors que ni la FIFA, ni l'UEFA, ni les organes nationaux « n'exercent un contrôle effectif ».
En France notamment, le secteur reste structurellement déficitaire. Certes, pour le dernier exercice connu (2014/2015), la LFP s'est félicitée, en avril 2016, d'une réduction à 67 millions d'euros des pertes cumulées par les 40 clubs de L1 et L2, soit 30 % de moins que lors de l'exercice précédent. Les abandons de créance acceptés par les actionnaires, sans lesquels de nombreux clubs mettraient la clé sous la porte, ont eux aussi diminué, de 125 à 21 millions d'euros. Mais cela ne signifie pas que le secteur se porte mieux. Cela ressemble plutôt à une accalmie dans un championnat où deux des trois clubs financièrement dominants, Monaco et le PSG, peuvent, grâce à leurs actionnaires russe et qatari, facilement gommer les contraintes d'équilibre budgétaire.
Mais parfois, la machine financière s'arrête. Libérationrapportait le 26 mai dernier que les banques refusaient momentanément d'offrir des lignes de crédit aux clubs français qui avaient l'habitude d'en profiter en fin de saison pour régler les primes annuelles ou provisionner le mercato à venir. Avec une conséquence : celle de les pousser davantage dans les bras d'autres organismes financiers. Les banques actaient peut-être simplement le fait que dans un contexte fragile, s'engager dans plus de prêts paraît dangereux. Sauf qu'il y aura toujours des organismes pour convaincre les clubs qu'il y va de leur intérêt. Et des clubs pour chercher à financer leur perpétuelle fuite en avant.
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1) TPI pour « Third Party Investment », soit « investissement par des tiers ». Le TPI revient pour un investisseur à prêter de l'argent à un club pour qu'il achète un joueur, sans posséder directement de parts dans un joueur en particulier, comme cela se passe avec la TPO.
2) « Off Pitch: Football's Financial Integrity Weaknesses, and How to Strengthen Them », de Matthew Andrews et Peter Harrington (Harvard Kennedy School), 1er mars 2016.