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organiser une resistence, une lutte contre ce qui peut paraitre inexorable est deja quelque chose d
Par revesolution, le 15.09.2019
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Par Anonyme, le 27.05.2019
je voudrais bien ecrire mais il n'apparait que ce petit cadre alors tant pis je vais l'utiliser.
l e mouvemen
Par Anonyme, le 24.01.2019
le mouvement des gilets jaunes à pris sa source dans le mécontentemen t d'une grande partie de la population;
Par Anonyme, le 23.01.2019
oui, une enquete s,impose.... http://revesol ution.centerbl og.net
Par revesolution, le 25.11.2018
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Date de création : 03.03.2015
Dernière mise à jour :
16.10.2025
4459 articles
Avec son projet d’accord-cadre "Bien-être au travail", la Région Île-de-France veut lancer une application permettant de féliciter ses collègues par des "coups de chapeau" ou "clins d’œil". Un système imité des réseaux sociaux, aux effets pervers prévisibles.
« Le "bien-être au travail" ? C’est l’arnaque du nouveau siècle ! (…) le dernier déguisement insidieux d’une nouvelle forme de pouvoir, faussement humaniste », fulminait récemment un consultant en ressources humaines. À la Région Île-de-France, le "bien-être au travail" fait l’objet d’un accord-cadre qui doit être présenté au Comité technique et est conçu comme « une démarche globale et ambitieuse de qualité de vie au travail (QVT) » – le goût des acronymes étant aussi illustré par l’appellation "BEST" (bien-être, santé et sécurité au travail).
Au programme, une liste d’objectifs : "Former des agents ’relais prévention’ et développer une culture commune", "Prévenir l’absentéisme", " Lutter contre les incivilités et les violences commises à l’encontre des agents", " Mettre en place un système de résolution ’non-violente’ des conflits". Le tout étant conclu par "Ensemble pour nous faire gagner", un classique slogan sportivo-publicitaire qui invite justement à pratiquer une activité physique et sportive.
Le discours général dénote le volontarisme et le positivisme du jargon des RH, pavé de bonnes intentions. Mais le volet "Favoriser intégration, connaissance et reconnaissance des agents" recèle une mesure bien plus audacieuse : un "Dispositif de reconnaissance entre pairs" qui imite les codes des réseaux sociaux. Il s’agit en effet d’une application web et mobiles dont l’objectif sera de procurer aux agents la "reconnaissance" qui leur manque. Ce dispositif « original et ludique » permettra à chacun « d’adresser un "coup de chapeau" ou "un clin d’œil" aux collègues de leur choix pour saluer – de façon anonyme ou non – leur engagement quotidien, leur disponibilité, leur serviabilité… » Le document précise :
« Chaque agent disposera d’un crédit de trois "mentions" (que l’on pourrait dénommer "tag", "fleurs" ou "citations"…) par mois à attribuer (s’il le souhaite) à un ou plusieurs collègues de son choix (sans niveau hiérarchique, ni organisationnel) en le qualifiant dans une des quatre catégories : Leadership, Innovation, Efficacité, Sympathie… »
Les fonctionnaires pourront donc se liker entre eux. Au-delà de l’incrédulité ou des rires que cette idée peut susciter, la transposition des procédés des réseaux sociaux dans le monde du travail pose évidemment une série de problèmes. Elle revient ici à mettre en œuvre un système d’évaluation des salariés par eux-mêmes, aussi « bienveillant » ou « symbolique » fût-il censé être :
« Aucune remarque négative ou critique ne pourra être postée, ce nouvel outil étant par nature résolument bienveillant. Au bout d’un certain nombre de "mentions" reçues, un cadeau de valeur symbolique sera donné à l’agent distingué. »
Le système et les données qu’il procure permettront, de fait, de classer les bons éléments, et de les distinguer des "non notés". La tentation sera évidemment grande d’utiliser ces informations dans l’évaluation des fonctionnaires, même si ce n’est officiellement pas l’objectif.
Au-delà, la philosophie du dispositif repose sur des fondements qui favorisent toutes sortes d’effets pervers dans les relations professionnelles : le procédé encourage la flatterie des supérieurs, les renvois d’ascenseur et autres calculs. S’il s’inspire des "likes" des réseaux sociaux, il renvoie aussi aux systèmes de notation des employés et des travailleurs indépendants par les consommateurs, systèmes au cœur des applications comme celle d’Uber, et qui sont de plus en pratiqués par les entreprises pour leurs SAV, leurs centres d’appel ou leurs services de livraison (lire aussi l’article de Arrêt sur images).
Chez Amazon aux États-Unis, les salariés peuvent adresser à leurs supérieurs louanges et critiques sur leurs collègues – à l’insu de ces derniers – en se servant d’un widget baptisé Anytime Feedback Tool. Dans un article du New York Times, des employés évoquent les intrigues engendrées – tels des pactes pour "descendre" ou promouvoir un collègue – et l’impossibilité de se défendre contre des critiques anonymes. Dans une entreprise où les moins aptes sont éliminés chaque année, on ne peut pas parler de dérives, mais bien d’une logique managériale.
Rien ne dit que l’application de la Région, si elle est adoptée, rencontrera des usages, que suffisamment d’agents l’utiliseront : on peut penser que l’idée est trop hors-sol pour y parvenir. Mais, qu’elle relève d’une certaine candeur ou d’un certain cynisme, elle traduit une conception particulière des relations de travail.
La démarche s’inscrit en tout cas dans le contexte de la nouvelle gouvernance de la Région après son basculement à droite, et notamment le déménagement du siège à Saint-Ouen en 2018. Une des décisions majeures autour de ce déménagement concerne l’organisation des lieux de travail en open space. L’open space, autre standard de la modernité managériale auquel il est de plus en plus reproché de constituer, lui aussi, un dispositif d’auto-surveillance – en plus de nuire aussi bien aux conditions de travail qu’à la productivité… Les organisations syndicales CGT CFDT Sud, FSU et UNSA ont organisé jeudi 3 novembre une votation sur la question : 1027 agents (sur environ 1.800 au total) se sont prononcés : 1001 contre, 26 pour. Mais la présidence de la Région fait la sourde oreille.
Anne-Marie Laspougeas, secrétaire de la CGT, déplore un dialogue social « au niveau zéro ». Selon elle, l’accord-cadre « ne sert pas seulement à faire passer la pilule du déménagement, c’est un projet d’ensemble ». Ce dernier comprend une restructuration que la nouvelle majorité « mène à marche forcée » – avec l’objectif de faire disparaître 400 postes au cours de la mandature. Selon la syndicaliste, Valérie Pécresse a opté pour « l’épreuve de force » et choisi d’ignorer les instances comme le Comité technique où sont représentés les syndicats.
Il est probable que la présidente de région veuille faire la démonstration de sa capacité à gouverner afin d’étoffer son image politique. Réduire les dépenses de fonctionnement et imposer une réforme managériale à des fonctionnaires de la "territoriale" lui ferait un bon palmarès. Dans ce contexte, promouvoir le "bien-être au travail" lui permet d’afficher de bonnes intentions, de contourner les questions sociales. Et même, donc, d’expérimenter un dispositif aussi surprenant – et questionnable – qu’une application servant à lancer des fleurs à ses collègues.
Contactée lundi 7 novembre, la Région n’a pas souhaité répondre immédiatement à nos questions.
AU MIROIR DE "BLACK MIRROR"
Dans le premier épisode de sa troisième saison, la brillante série d’anticipation Black Mirror imagine un futur proche dans lequel notre notation sur un réseau social (qui mêle les principes de Facebook, Twitter et Instagram) détermine le rang de chacun sur l’échelle sociale, ainsi indexé à sa popularité.
Il s’ensuit une quête de gratifications désespérée et souvent cynique, qui fait disparaître toute sincérité dans les relations humaines au profit de rapports utilitaristes et de la quête de l’approbation des autres. De quoi en conclure que la région dirigée par Valérie Pécresse est en avance sur son temps ?