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organiser une resistence, une lutte contre ce qui peut paraitre inexorable est deja quelque chose d
Par revesolution, le 15.09.2019
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Par Anonyme, le 27.05.2019
je voudrais bien ecrire mais il n'apparait que ce petit cadre alors tant pis je vais l'utiliser.
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Par Anonyme, le 24.01.2019
le mouvement des gilets jaunes à pris sa source dans le mécontentemen t d'une grande partie de la population;
Par Anonyme, le 23.01.2019
oui, une enquete s,impose.... http://revesol ution.centerbl og.net
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Date de création : 03.03.2015
Dernière mise à jour :
20.09.2025
4453 articles
Contrairement aux attentats du 13 novembre, les attaques du mois de juillet, en France comme en Allemagne, ont été perçues comme des actes autant politiques que pathologiques. Entretien avec l’historienne Laure Murat, qui a travaillé sur les liens que peuvent entretenir folie et politique.
Laure Murat est historienne et professeure au département d’études françaises et francophones de l’université de Californie – Los Angeles (UCLA). Elle a notamment publié L’Homme qui se prenait pour Napoléon. Pour une histoire politique de la folie (Gallimard, 2011), dans lequel elle observe le XIXe siècle depuis les asiles, afin de comprendre quels impacts les événements historiques ont sur la folie et les pathologies. Elle est également l’auteur de La Maison du docteur Blanche – Histoire d’un asile et de ses pensionnaires, de Nerval à Maupassant (Lattès, 2001), de La Loi du genre : une histoire du « troisième sexe » (Fayard, 2006) et de Relire. Enquête sur une passion littéraire (Flammarion, 2015).
À l’aune de vos travaux sur l’histoire politique de la folie, quelle lecture faites-vous des tueries de ce mois de juillet, en France comme en Allemagne ?
Laure Murat : Ce qui me frappe le plus est l’atomisation de l’acte terroriste qu’on ne peut circonscrire ni à des jeunes récemment radicalisés et islamisés, ni à des « fous » ou des gens ayant des pathologies mentales. Ceux qui commettent ces attentats ont pour seul point commun d’être jeunes, voire très jeunes, et d’être issus de l’immigration. Je pense qu’à l’adolescence, n’importe qui est très près de basculer, comme le montrent aussi les tueries commises par de très jeunes gens sur les campus américains. Mais cela ne rend service à personne de les traiter de fous, parce que cela les déresponsabilise, et cela dépolitise leurs conduites. Lorsque j’entends des experts affirmer qu’il faut être fou pour commettre de tels actes, je suis dubitative, parce que cela vide le geste de sa dimension idéologique et politique, qu’on peut juger totalement abrutie, mais qu’on ne peut pas négliger.
Quant au lien établi entre les tendances homosexuelles du tueur d’Orlando, de celui de Nice ou de Chérif Kouachi, et une possible volonté de racheter dans le martyre meurtrier ce qui est considéré comme un péché par l’islam, je m’interroge également. On a trop souvent tendance à vouloir expliquer le passage à l’acte en pointant dans la même direction. On a ainsi examiné les liens entre nazisme et homosexualité, mais jamais entre résistance et homosexualité, alors qu’ils existent, ne serait-ce que parce que les homosexuels, souvent sans enfants et déjà habitués à des formes de clandestinité, ont fait de très bons résistants, comme le rappelle la figure emblématique de Daniel Cordier.
S’il ne faut pas traiter les terroristes du mois de juillet de « fous », comment saisir ce qu’ils ont malgré cela de particulier ? Tous les suicidaires ne cherchent pas à entraîner dans la mort des dizaines d’autres personnes…
Le problème de l’atomisation du terrorisme auquel nous assistons est qu’il rend toute généralisation difficile. Comme j’ai pu l’observer en étudiant les rapports entre folie et politique au XIXe siècle, il est nécessaire de faire du cas par cas, même s’il est possible de dessiner certaines tendances, de repérer par exemple un moment où les « fous » ne se prennent plus pour Louis XIV mais pour Napoléon.
L’atomisation est toutefois concomitante d’un phénomène de contamination. Le jeune Germano-Iranien qui a assassiné au hasard neuf personnes à Munich était fasciné par les tueries de masse. Il a commis son attentat cinq ans jour pour jour après celui d’Anders Breivick et s’était documenté sur un massacre perpétré dans un collège, qui avait fait 15 morts et n’avait aucun rapport avec le fait religieux.
Ce qui reste marquant demeure l’extrême jeunesse de la plupart des tueurs. On ne peut pas s’empêcher de penser que la mutation adolescente rencontre alors un idéal, certes destructeur, mais qui leur permet de sortir de leur solitude et de leur désespoir. Encore une fois, on peut rapprocher ce phénomène de la société américaine et de la solitude qui caractérise la post-modernité et signale un échec des démocraties occidentales.
Lors des attentats du 13 novembre, on ne s'est guère intéressé au profil psychologique des tueurs. Comment expliquer la différence avec ce qui se passe en ce momen
La folie garde toujours, dans notre imaginaire, une dimension individuelle. On a toujours eu du mal à penser la dimension collective et organisée de la folie. Il existe pourtant des déraisons d’État, des déraisons de la politique organisée, qu’elle soit gouvernementale, criminelle, religieuse, sectaire, d’extrême droite ou d’extrême gauche. Il me paraît nécessaire de toujours penser la déraison idéologique et pas seulement celle des personnes ou des masses. On ne songe jamais à interroger la folie dormante et la sourde violence de l’ordre établi. La folie est toujours dans le camp révolutionnaire, jamais dans celui du pouvoir.
Prenez Théroigne de Méricourt, qui a fini sa vie à La Salpêtrière. Sa folie a été attribuée a posteriori à son engagement révolutionnaire, par le docteur Esquirol, qui l’a soignée. Mais le même docteur Esquirol, qui a reçu à plusieurs reprises Auguste Comte dans sa clinique privée, n’a jamais songé à taxer le positivisme de système délirant. On a expliqué la Commune de Paris par la folie des Communards, sans jamais s’interroger sur celle des Versaillais qui l’ont réprimée.
Chaque époque accentue certaines névroses. Celle du retour des cendres de Napoléon a été celle de la « monomanie orgueilleuse ». Quelle serait la monomanie de notre époque, comparée à d’autres périodes de l’Histoire ? Est-elle terroriste ?
La monomanie est une catégorie obsolète, inventée au XIXe siècle par Jean-Étienne Dominique Esquirol pour imposer une nouvelle spécialité, face au pouvoir religieux et au pouvoir judiciaire. En créant une nomenclature facile à comprendre, il cherchait à être reconnu comme expert et a donc décliné la monomanie incendiaire, orgueilleuse, érotique… Il semblait ainsi possible de faire comprendre au grand public différentes formes de folie, mais, cliniquement, cela n’a pas résisté. On ne pourrait donc pas parler de « monomanie terroriste ».
Il n’existe plus d’asiles aujourd’hui comme il y en avait au XIXe siècle. Mais peut-on supposer que, comme hier un certain nombre de fous se prenaient pour Napoléon, beaucoup se prennent aujourd’hui pour al-Baghdadi ?
Se prendre pour Napoléon, c’était s’identifier au dictateur, à l’homme puissant, davantage qu’au créateur du Code civil. Or ce « surhomme » était un petit capitaine corse, sans légitimité généalogique, devenu empereur, qui donnait le sentiment à quiconque qu’il pouvait en faire autant. Aujourd’hui, l’identification n’est pas nécessaire parce que la puissance est à portée de tout le monde. Je n’ai pas besoin d’être al-Baghdadi puisque je peux tuer 84 personnes d’un coup avec un camion. N’importe qui peut, demain, devenir un martyr et un héros sans avoir besoin de se rêver en grand homme.
Quels types d’événements historiques impactent particulièrement la folie ?
Les événements très spectaculaires – et le terrorisme est ce qu’il y a de plus spectaculaire – comme par exemple les meurtres d’État, qui cristallisent des moments de rencontre entre folie et politique. Mais il existe aussi des formes insidieuses, plus silencieuses et invisibles. J’ai été très frappée, en étudiant les registres des asiles du XIXe siècle, par l’impact de la misère économique sur les basculements dans la folie, même si ceux-ci peuvent avoir des causes immédiates très intimes.
Ce à quoi on assiste aujourd’hui est différent. La cristallisation se construit dans un précipité chimique entre désespoir individuel et promesse de vie éternelle, entre misère spécifique (économique, sexuelle, affective, sociale) et une idéologie censée donner du sens à l’existence. La question qui se pose dès lors est : quel sens faut-il donner à une société pour contrer une idéologie de mort comme celle de Daech ?
Vous avez étudié la folie française dans son rapport à la politique au XIXe siècle. La folie meurtrière possède-t-elle encore un cadre national ou s’est-elle mondialisée ?
La France est spécialement visée, sans doute en raison d’une histoire coloniale très lourde, sur laquelle il demeure beaucoup de silences. En Allemagne, où l’histoire coloniale et migratoire n’est pas imbriquée comme en France, il y a eu des attentats, mais ils n’ont pas visé des symboles du pays. En Angleterre, l’histoire coloniale est présente, mais les communautés sont respectées et représentées en tant que telles. L’utopie française, née de la Révolution de 1789, d’un sujet citoyen neutre et laïque, fonctionne mal dans le monde d’aujourd’hui. Il ne faut toutefois pas attribuer trop de poids à tel ou tel facteur historique. Les États-Unis, où la laïcité à la française n’a aucun sens, sont également vulnérables aux attentats.
Face à des actes qui entrechoquent dimensions pathologiques et politiques, religieuses et personnelles, que peut-on faire ?
Il ne suffit pas de traiter les causes économiques ou sociologiques du terrorisme, mais, même si l’expression est galvaudée, de redonner du sens. La société capitaliste moderne n’en a plus, avec un accroissement extrême des inégalités et 1 % de la population mondiale concentrant 50 % des richesses disponibles. On se trouve dans une société injuste, ségréguée, et Daech a beau jeu de valoriser une notion de communauté forte, même si elle est terrifiante. C’est pour cela que, même si cela n’a pas duré, j’ai trouvé intéressante la tentative de reconstitution d’une communauté nationale après l’attentat de Charlie Hebdo.
Comment contrer la réussite spectaculaire de Daech, capable d’absorber tous les pauvres hères, tous les électrons libres du moment ? L’urgence est de retrouver un sens pour nos sociétés modernes et démocratiques, dont les valeurs ne nous offrent plus de promesses désirables. Je vois toutefois des mouvements comme Occupy Wall Street, Nuit Debout ou les Indignadoscomme une recherche de ce type, un effort, un mouvement, mais qui n’aboutit pas… La refondation complète de notre système se pose. Nous n’avons aujourd’hui plus guère le choix qu’entre la terreur de Daech et la terrifiante perspective d’une tentation autoritaire incarnée par Donald Trump ou Marine Le Pen…
Même s’il a depuis déployé d’autres moyens pour sa politique de terreur, l’État islamique s’est, à l’origine, fait connaître par sa pratique médiatisée de la décapitation. Pendant la Terreur, au moment où la guillotine fonctionnait à plein régime, vous rappelez que beaucoup de gens ont « perdu la tête ». Peut-on faire un parallèle entre ces deux moments historiques de la décapitation et ses effets sur les esprits ?
Dans le cas de l’État islamique, on est plus proche de l’égorgement, de la volonté de faire rendre gorge à l’ennemi. Il n’en reste pas moins, en effet, que la décapitation, au sabre, est le mode d’exécution officiel, et un outil de propagande largement diffusé sur le web. Mais ces exécutions se doublent de centaines d’autres attentats, dont les modes opératoires (armes blanches, mitraillettes, camion, ceintures explosives…) sont multiples. Et c’est cette prolifération de la mort, qui peut vous surprendre n’importe où, n’importe quand, n’importe comment, qui caractérise bel et bien le régime de terreur.